La route de la soie: Tadjikistan

Samedi 17

Lever à 5h45 pour un départ de Samarcande en minibus à 7h vers le Tadjikistan. A 8h nous arrivons à la frontière. Le minibus ne peut pas continuer et nous prenons nos sacs et les tentes. Une heure est nécessaire pour passer la frontière ouzbeke (heureusement que nous sommes pratiquement les seuls à vouloir passer). Il faut ensuite parcourir 500m à pieds pour atteindre la frontière tadjike où une demi-heure de formalités suffit pour passer.

De l'autre côté, notre guide de montagne tadjik et notre cuistot nous attendent avec un véhicule 4x4, un petit minibus, et le matériel d'intendance. Nous roulons jusqu'à Padjikent où nous visitons le marché. Le lunch est pris dans un petit resto très simple à la sortie de la ville. Encore trois heures et demi de route, de plus en plus mauvaise, et nous arrivons à destination vers 16h: au total neuf heures, 200km et une montée de 700m (altitude de Samarcande) à 1900m (altitude du village de Chourmash).

Nous nous installons chez l'habitant: nous recevons une pièce pour les hommes et une pour les femmes. Un peu plus loin, à côté du potager, il y a une petite cabane avec deux portes. L'une s'ouvre sur la toilette: un trou au milieu du sol; l'autre sur la salle de bain: un seau et un tabouret!

Le torrent coule en contrebas; le village regorge d'abricotiers et il y a également quelques mûriers dont les fruits sont mûrs, et même un mûrier blanc dont les fruits sont exquis. En remontant du torrent, un jeune villageois nous invite chez lui. Nous saluons ses parents et ses grands-parents. Ils nous offrent du thé, des biscuits et du kéfir. Quelques mots d'anglais suffisent à nouer la conversation. A 17h nous prenons le goûter en groupe puis nous avons un peu de temps libre. Le souper est à 20h dans la chambre des hommes; premier repas préparé par notre cuistot tadjik.

 

Dimanche 18

Lever à 6h pour le départ du trek à 7h30. Les trois muletiers et leurs dix ânes sont là et chargent nos sacs, les tentes et l'intendance. Nous suivons le chemin qui remonte le torrent. Nous traversons quelques villages, puis le chemin devient plus pentu et la vallée plus resserrée. Après une heure de marche nous remplissons nos gourdes à une source.


Vers midi nous nous arrêtons pour pique-niquer au bord du torrent à l'ombre de quelques arbres: un peu de fraîcheur est bienvenue car le soleil tape dur. Il y a là un petit campement et quelques femmes. Elles nous invitent à prendre place autour de leur tapis de sol et nous offrent des abricots.

Après une courte sieste nous reprenons la route. Il reste moins d'une heure de marche. Le campement a déjà été installé par les muletiers et le cuistot au bord du torrent, à un endroit plat où la vallée s'élargit. L'altitude est de 2450m et le total de la journée est de 15,2km et de 900m de dénivelé positif.

Nous nous installons, puis André, Myriam et moi faisons un petit tour dans les environs. Nous ne sommes pas seuls: un troupeau de vaches paît pas loin. A 19h le souper et servi dans la tente d'intendance car il commence à faire fais et il y a du vent. Nous allons dormir tôt car la journée a été rude et celle de demain le sera encore plus!

Lundi 19

Lever à 6h pour un départ à 7h30; il fait froid mais le ciel est bleu. Les tentes sont couvertes de rosée; nous déjeunons avant de les plier. Nous remontons un autre torrent qui nous conduit dans un grand cirque où un berger a planté sa tente. Nous continuons à monter et nous remplissons nos gourdes à un petit torrent.

A midi nous atteignons le col à 3450m (1000m de dénivelé!). Nous descendons de l'autre côté pour nous mettre à l'abri du vent et nous pique-niquons. Tout en bas nous apercevons le lac Alouadin au bord duquel nous allons camper. Nous y arrivons vers 15h30. Une tasse de thé nous y attend, préparée par le cuistot. Les muletiers ont déjà monté les tentes et installé une feuillée; nous sommes ici pour deux nuits.
L'endroit est fréquenté par les alpinistes; il y a d'autres tentes, et il y a même moyen d'acheter des boissons, ce que nous faisons. Selon le GPS, nous avons parcouru 10km et le lac est à 2775m. A 19h souper; puis un peu de lecture et vite au dodo.

 

Mardi 20

Ce matin: grasse matinée: nous nous levons à 6h30! Le départ est à 8h car nous allons pique-niquer au bord du lac Moutny qui n'est qu'à 5km, puis nous revenons au camp. Ce lac est cependant situé 750m plus haut que le camp et nous mettons quatre heures pour y arriver. Le chemin est escarpé et les pierres roulent sous les pas.


Le lac lui-même n'est pas très beau, mais il est au pied d'un glacier et au milieu d'un cirque à l'aspect un peu lunaire. Nous redescendons par le même chemin et à 15h le ciel se couvre, l'orage éclate, et c'est sous la pluie que nous arrivons au camp.

Le cuistot a préparé un thé chaud qui est bienvenu. Il faut ensuite s'occuper des tentes car plusieurs percent, et il y en a même deux qui sont déchirées par endroits! Les tentes Allibert sont au bout du rouleau et ce n'est pas correct de nous les avoir données dans un pays où il pleut souvent!

La pluie cesse enfin et le cuistot prépare le plov (sorte de riz pilaf) sur le feu. Il est aussi généreux avec l'huile de coton dans le plov qu'avec la vodka pour lui-même; résultat: un cuistot ivre et un souper immangeable! Il se remet à pleuvoir et nous soupons dans la tente intendance, mais qui perce également. Il ne reste plus qu'à aller dormir.


Mercredi 21

Finies les grasses matinées: lever à 4h45 pour un départ à 6h15 dans l'espoir d'arriver avant la pluie. Pour l'instant il fait beau et nous descendons au camp des alpinistes à 2600m puis nous montons au col de Laoudane à 3620m. A 9h30 le temps se gâte déjà et il se met à pleuvoir, puis à grêler à l'approche du col que nous atteignons à 11h. Pieds nus dans mes sandales je n'en mène pas large! Pas de temps d'arrêt au col: il pleut, il vente, il fait froid et nous sommes en plein brouillard.

au col

dans le torrent

où est le lac?


La descente est rapide: nous sommes en bas à midi. Encore une demi heure de plat et nous arrivons au bord du lac Koulikalon où une bergère a planté sa tente. Miracle: la pluie cesse et il y a même un peu de soleil. Nous pique-niquons en vitesse à cause du froid, et nous arrivons au camp vers 13h30. Il paraît que l'endroit est superbe, mais nous ne voyons rien dans ce brouillard à couper au couteau. Nous sommes à 2830m, nous avons parcouru 13km et fait 1300m de dénivelé positif.

Les muletiers ont déjà monté les tentes au bord du lac, mais malheureusement ils n'ont pas protégé nos sacs et les matelas pendant le transport, et tout est trempé (sauf mon sac qui est étanche). Pour couronner le tout il se remet à pleuvoir. Nous nous réfugions dans notre tente pour trier nos affaires. La pluie finit par cesser et nous allons faire un petit tour dans les environs (avec mon GPS pour éviter de se perdre). Les muletiers allument un feu pour tenter de sécher les matelas. Ils en garderont une odeur de fumée qui bercera nos rêves.

 

Jeudi 22

6h: le ciel est tout bleu et nous découvrons enfin le superbe site où nous avons campé. Nous déjeunons, nous faisons sécher les tentes et nos effets, nous faisons nos adieux aux muletiers, et nous nous mettons en route à 9h. Nous montons au col de Tchoukrak à 3175m, le dernier col du trek, et nous descendons de l'autre côté. Le ciel se couvre mais la pluie reste accrochée aux montagnes et nous épargne. Au bord d'un petit lac, des enfants de berger nous offrent du kéfir. Nous leur donnons des biscuits.


Nous pique-niquons dans la vallée, juste après Artouch, le village des alpinistes. Nous arrivons au village de Jackahana (1800m) à 15h. Logement chez l'habitant: quatre belles pièces chaudement décorées, plus la salle de bain: une petite pièce munie d'un banc et d'un poêle à bois dont la partie supérieure est un réservoir d'eau chaude. Quel plaisir d'enfin se laver de la tête aux pieds.

 

Nous faisons un petit tour dans le village, très rustique, et nous achetons de l'eau. Dernier souper préparé par notre cuistot.


Vendredi 23

Lever à 4h45 pour un départ à 6h15. Deux petits minibus sont au rendez-vous et nous conduisent à la frontière. Une heure et demi de formalités et nous retrouvons un grand minibus de l'autre côté de la frontière: en route pour Samarcande; mais à 15km de l'arrivée c'est la panne. Heureusement un autre minibus, appelé au secours, vient nous chercher et nous conduit au même hôtel qu'à l'aller où la même chambre est mise à notre disposition pour quelques heures: douche, dîner et sieste.

 

A 16h nous partons pour la gare afin de prendre le train de 17h pour Tashkent, où nous arrivons à 20h. Dernier souper dans un resto sympa, où nous fêtons l'anniversaire d'André, puis nous allons dormir quelques heures au même hôtel que le premier jour.


Samedi 24

Lever à 2h15 pour être à l'aéroport à 3h. Nous faisons nos adieux à Murod, un guide érudit, toujours de bonne humeur et attentionné. L'avion Aeroflot pour Moscou est à l'heure. A Moscou nous avons moins d'une heure et demie de battement avant l'avion pour Bruxelles, mais nous ne le ratons pas car il y a peu de files.

 

Nous arrivons à Bruxelles à 11h. Corentin vient nous chercher. Nos bagages ne sont pas là: ils ont raté la correspondance. Nous les récupérerons demain. Chacun retrouve ses pénates, les yeux encore pleins des merveilles que nous avons découvertes, et le cœur vibrant de la chaude amitié qui soudait le groupe, y compris dans les moments plus difficiles. A la prochaine…